Article paru dans La Dépêche le 26/03/2024.
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Les riverains de l’ex-usine STCM dans le quartier Barrière-de-Paris, à Toulouse, ont décidé de mesurer eux-mêmes la pollution au plomb générée par cette entreprise fermée en 2022. Les chiffres confirment les dépassements du seuil réglementaire.
La première mesure effectuée sur la terre du jardin s’affiche et révèle une présence de plomb trois fois supérieure au seuil réglementaire (939 milligrammes de plomb par kilo de terre pour un seuil de 300). Et la seconde, au milieu des pieds de fraises récemment plantés, est de 1 467 milligrammes de plomb. Près de cinq fois le seuil. Pierre, un des habitants de cette maison ancienne du chemin du Boulodrome, dans le quartier Barrière-de-Paris, à une centaine de mètres de l’usine STCM de Fondeyre fermée fin 2020, avait entendu parler de la pollution au plomb générée par cette fonderie qui a recyclé des batteries. Mais il n’imaginait pas ce qu’il a découvert ce lundi avec les habitants du comité de quartier.
Le 6 octobre 2022, deux ans après la fermeture de STCM, et après des analyses faites dans les environs sous l’égide de l’Etat et de la Direction régionale de l’environnement, les habitants apprennent que la Société de traitement chimique des métaux a pollué les sols dans un large secteur et sans doute contaminé les habitants. L’Agence régionale de santé lance alors une campagne de dépistage du saturnisme et annonce un plan de surveillance sanitaire dans le secteur où sont constatés les dépassements du seuil de 300 mais aussi dans un périmètre élargi (au seuil de100 milligrammes de plomb par kilo de terre), ce qui comprend une bonne partie du quartier. Soit 12 000 personnes.
Cancer du thymus
Après plusieurs réunions par la préfecture du comité de suivi du site, et la promesse de nouvelles analyses, les habitants veulent en savoir plus en menant leurs propres mesures. « Il ne s’agit pas de faire des mesures contradictoires mais complémentaires », avance Serge Baggi. Le comité de quartier s’est donc rendu ce lundi chez une quinzaine d’habitants et dans des espaces verts, aidé par une scientifique équipée d’un analyseur de fluorescence X, une sorte de pistolet à rayons X qui détecte le plomb dans le sol et les peintures. Et en présence de l’élue d’opposition Odile Maurin.
« Nous attendons un plan de dépollution », avance Serge Baggi qui demande que ce chantier soit pris en charge par l’entreprise. Pour les membres du comité de quartier, les seules consignes diffusées par l’ARS (« éviter ou limiter la consommation de fruits et de légumes cultivés sur les sols ») ne peuvent suffire.
La préfecture affirme que « des mesures concrètes seront proposées par l’ancienne usine STCM » après des « investigations et analyses de risque ». Elle annonce la remise prochaine d’une étude par STCM sur ce sujet dont les résultats seront diffusés lors de la commission de suivi.
Si les habitants ont découvert les chiffres de la pollution en 2022, les anciens, qui ont vécu près de STCM depuis son ouverture en 1952, n’ont pas été surpris. Rose-Marie Bernard, 80 ans, a été opérée d’un cancer du thymus il y a cinq ans. « Aucun médecin ne sait me dire l’origine. Mais moi, j’en suis certaine : j’ai toussé pendant des années sous les fumées. Je devais même changer de chambre. Et on mangeait les produits d’une ferme voisine de l’usine. »