Voici un article paru dans la presse (La Dépêche du lundi 28 octobre 2019).
L’extension du périmètre des arrêtés municipaux anti-prostitution est vécu comme un soulagement à Toulouse par les riverains de l’avenue des Etats-Unis qui avaient réuni 800 signatures sur une pétition.
«On va enfin respirer», se réjouit Myriam, une habitante de l’impasse des Etats-Unis à Toulouse. Depuis des années, je subis les nuisances de la prostitution.» À quelques rues de là, dans ce même quartier de Lalande, entrée nord de Toulouse qui abrite le Marché d’intérêt national et le centre routier de Fondeyre, Naïma, riveraine d’une autre impasse, celle de la Glacière, est aussi soulagée : «personne ne peut se douter de ce qu’on a souffert. On va enfin vivre sereinement.» «C’était vraiment le ras-le-bol», résume le président du comité de quartier Minimes Barrière-de-Paris, Serge Baggi. C’est dire combien l’extension du périmètre de l’arrêté anti-prostitution, signé par le maire la semaine dernière, demandée de longue date par le quartier, était attendue.
Rappelez-vous : en 2012-2013 et jusqu’à la veille des élections municipales de 2014, les habitants du quartier des Ponts-Jumeaux étaient à bout. Les prostituées avaient envahi les rues du secteur, entraînant de nombreuses nuisances. La température était montée très haut avec des manifestations régulières sous l’égide notamment du comité de quartier. Après l’élection de Jean-Luc Moudenc, un premier arrêté anti-prostitution, le 7 juillet 2014, avait mis un coup d’arrêt au phénomène aux Ponts-Jumeaux et à Roquelaine. Mais la prostitution avait gagné les rues voisines.
En mars 2015, une première extension avait été décidée pour l’avenue des Etats-Unis, l’avenue de Fronton et la route de Launaguet, c’est-à-dire le secteur de la Barrière-de-Paris. Sans surprise, les prostituées se sont installées un peu plus loin, sur l’avenue des Etats-Unis, dans le secteur du MIN. Depuis, ce sont les riverains de ce secteur qui criaient haut et fort leur malaise. Au printemps, une pétition a recueilli 800 signatures. Début juillet, une lettre est partie chez le préfet, le maire, le procureur de la République, la police nationale et la police municipale pour réclamer l’extension du périmètre. Aujourd’hui, Serge Baggi reconnaît qu’une manifestation était en préparation. La période électorale a peut-être pesé dans la balance pour une municipalité qui, jusqu’à présent, temporisait.
Le nouvel arrêté prévoit trois secteurs d’extension. La partie de l’avenue des Etats-Unis comprise entre le rond-point Cassagne (la concession Citroën) et le rond-point de Lalande, sous la bretelle du périphérique, et au-delà jusqu’à l’impasse de la Cadène, est la plus importante. À la Barrière-de-Paris, le boulevard Pierre-et-Marie-Curie est aussi en partie concerné. Enfin, le bord du canal du Midi, entre les Minimes et le Raisin est visé.
Avenue des Etats-Unis, les prostituées iront-elles encore un peu plus au nord, sur une zone peut-être moins habitée ? C’est vraisemblable. Sur ce sujet, la mairie ne s’est pas exprimée vendredi au-delà de son communiqué. Serge Baggi se dit conscient du problème. «Mais nous on en pouvait vraiment plus», expose-t-il en souhaitant pour cette raison «des mesures d’éducation» à destination des clients «pour qu’ils soient conscients de participer à une exploitation humaine.
S. G.