Le Comité de Quartier a pris connaissance du dossier de consultation du projet de requalification de la route M820.
Projet important pour l’entrée nord de Toulouse qui concerne le quartier Minimes-Barrière de Paris en pleine mutation : arrivée de la ligne 3 du métro, projet AFNT, aménagement de la M820, mutation des espaces laissés par le départ des concessions automobiles et des gros transporteurs, réaménagement du dernier kilomètre-MIN, densification…
Voie Royale, Route de Paris, Route Nationale 20, M820…
Autrefois la « Voie Royale »… Elle devint ensuite, au 18ème siècle, la « Route de Paris », c’était une partie de la « Route Impériale n°23 », devenue « Route Nationale n°20 » qui allait de Paris à Bourg-Madame, à la frontière espagnole, en passant par Toulouse. Devenue par la suite la route départementale 820 (D820), c’est actuellement la route métropolitaine 820 (M820), la gestion de la route ayant été transférée en 2017 à Toulouse Métropole, sur la partie qui traverse son territoire…
C’est par là que l’on entrait dans la ville lorsqu’on arrivait de Paris. Et c’est toujours l’entrée de ville lorsqu’on arrive du Nord de Toulouse.
L’ ENTREE NORD s’est déplacée au fil du temps de la Porte Arnaud Bernard à l’entrée des Minimes avec la construction du Canal du Midi (fin 16ème siècle), puis à la Barrière de Paris (fin 19ème siècle) reprise par la sculpture monumentale du sculpteur français Bernar Venet (début du 21ème siècle – ligne B du métro) dont les deux arcs en acier corten d’une hauteur de vingt-cinq mètres, créent un repère visuel fort à l’entrée Nord de Toulouse, symbolisant l’emplacement des fourches patibulaires qui existèrent jusqu’en 1786, et aujourd’hui à la hauteur du MIN qui pourrait être matérialisée par une création monumentale rappelant par exemple le passé maraîcher du quartier (une noria…). Il serait intéressant de lancer un concours pour une œuvre d’art d’entrée de ville.
Sur les sept séquences du projet, notre quartier est concerné essentiellement par la SEQUENCE 1 du projet, déclinée de A à E, entre la Barrière de Paris et le rond-point de la Glacière.
Nb: les paragraphes encadrés concernent plusieurs séquences du projet.
SEQUENCE 1A de la Barrière de Paris à l’Ecole Jules Ferry:
- Dans notre contribution à la concertation volontaire sur le projet de requalification de la M820, de juillet 2019, nous demandions que ce rond-point de la Barrière-de-Paris fasse partie du projet, en faisant le trente-cinquième carrefour à traiter.
Nous constatons que le carrefour de la Barrière de Paris n’a pas été pris en compte dans
l’aménagement de la M820. Important nœud routier pour le quartier, des propositions d’aménagement auraient pu être faites amorçant une future concertation sur ce carrefour toujours non traité.
Notre quartier rencontre, depuis des années, des difficultés majeures à absorber les flux de circulation toujours plus nombreux. Le rapport INterland de septembre 2016 confirmait déjà cette forte présence automobile sur ce secteur faisant de la Barrière de Paris un véritable goulot d’étranglement, pénétrantes arrivant du Nord (Avenues des États-Unis, Fronton, Route de Launaguet, rocade) vers la ville et vers Airbus par le boulevard d’Elche. On ne peut pas traiter l’aménagement de la M820 en laissant de côté la Barrière de Paris.
- Aménager la M820, en l’occurrence dénommée dans notre quartier Avenue des Etats-Unis, en conservant tous les arbres sur l’ensemble de la séquence 1 est considéré comme positif par les habitants (urbanisme sachant s’adapter au milieu existant).
- Depuis la Barrière de Paris, le Comité de Quartier est favorable à deux pistes cyclables unidirectionnelles, et conservation des arbres (arbres de grande taille). Le Comité est favorable à une continuité des voies de déplacement en modes doux dans tout ce secteur, avec des pistes cyclables réelles et séparation des différents flux.
- Dans le dossier, ne sont pas traités les modes doux transversaux et les carrefours correspondants qui manquent dans notre quartier depuis la M820 vers le Canal Latéral et depuis la M820 vers la voie ferrée : transversale Canal Latéral – STCM – Intermarché – La Vache passant par le rond-point Cassagne non traité, transversale Canal Latéral – jardin Cervantès – Jules Ferry – La Vache passant par le carrefour Jules Ferry non traité, transversale Canal Latéral – Prat Long – rue de Fenouillet – rue Mathaly – rue Frida Khalo – Jardin de La Salade – installations sportives Toulouse-Lautrec – station de métro Toulouse-Lautrec passant par le carrefour Frida Khalo non traité.
- Un travail doit être fait pour traiter la signalétique des voies douces, limitant les convergences vers la Barrière-de-Paris.
- La suppression de 35 places de stationnement sur cette séquence très commerçante doit être concertée avec les nombreux commerçants et l’association des commerçants de cette séquence. Créer parallèlement des «poches de stationnement » de proximité pour les commerces de l’avenue est indispensable. En effet, tous les supermarchés du secteur (Carrefour Market, Intermarché-exCasino, Lidl, Aldi, Intermarché) sont tous dotés de grosses aires de stationnement réservées pour leurs clients. Quid des petits commerces de proximité ? De plus, il est nécessaire d’avoir des places de livraison pour les commerçants, ce qui n’apparaît pas dans le dossier.
- Et il conviendrait d’avoir une cohérence avec l’approche d’un cœur de quartier proposé par Toulouse Métropole à la Barrière de Paris.
- Alors que la 3ème ligne de métro est annoncée pour 2028, les promoteurs sont là, les projets immobiliers fleurissent dans le quartier, avec entre autres, 480 logements sur la parcelle Cervantès (ex-Peugeot) et 640 logements sur la parcelle Nobel (ex-Citroën) annoncés, avec des parkings en nombre insuffisant. Où se gareront les habitants ?… Même si on considère que les habitants vont privilégier les deux lignes de métro B et C à leur disposition, ils vont posséder au moins un véhicule automobile destiné peut-être à une utilisation quotidienne pour celui qui ne peut se rendre sur son lieu de travail par les transports en commun, à une utilisation régulière pour les loisirs, les courses, les week-ends, les vacances… Il faut donc prévoir des lieux en nombre suffisant où les habitants pourront immobiliser leurs véhicules. Dans une perspective égalitaire, non discriminatoire et dans une phase transitoire vers de nouveaux usages souhaités, comment accepter la possession, dissuader l’utilisation quotidienne… partager… si ce n’est en ayant des parkings en nombre suffisant à disposition ?…
- Le projet de doublement des voies et de création de haltes des Aménagements Ferroviaires Nord Toulousain (AFNT) impliquera plusieurs Pôles d’Échanges Multimodaux (PEM) en interface avec la M820. Pour retenir le plus de véhicules en amont, le Comité de Quartier renouvelle sa demande déjà faite dans différentes contributions, d’aménagement de parkings à l’emplacement des futures haltes TER, elles-mêmes positionnées souvent le long de la M820.
SEQUENCE 1B de l’Ecole Jules Ferry au Rond-point Cassagne:
- Le Comité de Quartier retient que le stationnement et les arbres sont maintenus sur cette partie combinant habitat individuel et collectif, et différents commerces.
SEQUENCE 1C du rond-point Cassagne à la trémie du MIN :
- 21 places de stationnement privées et 15 places de stationnement publiques sont supprimées. L’avis des commerçants du secteur est à prendre en compte en particulier à savoir si la création de 17 places de stationnement sur l’Avenue de Fondeyre est suffisante et bien positionnée.
SEQUENCE 1D de la trémie du MIN à l’Avenue de Fondeyre:
- Les nombreux travaux de modification de la chaussée et de plantation d’arbres sur l’Avenue des Etats-Unis devront tenir compte de la pollution par le plomb des sols par la STCM, en particulier sur la partie de l’Avenue des Etats-Unis polluée à plus de 300 mg par kilo de terre, seuil retenu par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).
SEQUENCE 1E de la trémie du MIN à la voie ferrée :
- La suppression de la trémie et son remplacement par un carrefour en rectangle mérite plus d’explications. La trémie actuelle est fonctionnelle, fluidifie la circulation et répond à un besoin de différencier les flux camions et automobiles venant du nord. Rappelons que dans le secteur les flux camions sont nombreux : les camions des plates-formes logistiques du dernier kilomètre, les camions de livraison du MIN, les camions s’approvisionnant chez ESSO, les camions de la laiterie, les camions de la fourrière, les camions de la zone industrielle… Revenir à mélanger les flux automobiles et camions ne risque-t-il pas de créer un troisième carrefour (avec celui de la Glacière et de Lalande) compliqué pour la circulation ?
- Toujours concernant l’accès au MIN et la suppression de la trémie, des comptages et des simulations ont-ils été faits pour la justifier? Si oui, le Comité de Quartier demande la transmission des résultats des études. Si non, nous demandons que des études soient réalisées et que les résultats nous soient transmis, avant toute décision définitive.
- La suppression de la trémie est-elle vraiment nécessaire vu son coût ? Comment est assurée la sécurisation par rapport au flux des camions à l’entrée du MIN en cas de suppression de la trémie ?
- L’espace vert et récréatif du MIN peut-il être ouvert au public dans le projet, en plus des plantations d’arbres ? D’autre part, toute cette zone nord du quartier est un gros îlot de chaleur (rapport Interland) et tout apport d’espace vert supplémentaire est positif pour le secteur et les habitants du quartier. Pour favoriser la biodiversité, plus que des alignements d’arbres, de grands espaces verts sont indispensables. Et notre quartier manque de grands espaces verts.
- L’apaisement par des voies piétonnes et vélos et le verdissement de l’impasse des Etats-Unis et de la halte AFNT (halte Lalande) sont positifs pour les riverains.
ROND-POINT de LA GLACIERE, situé entre la SEQUENCE 1 et la SEQUENCE 2 du projet de la M820:
- Le rond-point de la Glacière n’est pas traité dans le projet d’aménagement de la M820. C’est pourtant « un gros point noir » de cette entrée de ville. C’est ce rond-point qui donne accès à l’A620 direction Bordeaux ou direction Toulouse, en arrivant du Nord, mais aussi en arrivant du Sud avenue des Etats-Unis. Echangeur dangereux, les deux bretelles d’accès sont très courtes et se rejoignent dans un « chassé-croisé » anxiogène et accidentogène. Ce « nœud » routier devrait être revu en priorité, ce qui n’est pas le cas. En dehors du coût, comment cet « oubli » est-il justifié ?
SEQUENCES 2 à 7 :
- Bordure centrale de séparation: Afin d’éviter les mouvements de tourne-à-gauche et augmenter ainsi la sécurité des usagers, une bordure centrale infranchissable est prévue, des séquences 2 à 7. La suppression de la bande peinte du milieu de la chaussée et l’instauration d’une bordure de séparation sont des points positifs pour notre Comité de Quartier.
- Limitations de vitesse : Pour sécuriser l’axe, il est prévu de réduire les vitesses pratiquées. En effet, actuellement la M820 est limitée à 70 km/h ou plus sur la majorité du linéaire (hors zone centre-ville de Toulouse et Saint-Jory). Le projet de requalification de la M820 prévoit une réduction de vitesse à 50 km/h sur la majorité des séquences. A la hauteur de la zone SEVESO, selon le PPRT actuel, la séquence 6, entre le rond-point route de l’Hers/route de la Plage et le rond-point rue des Lacs, doit rester à 90 km/h. Dans le cadre du projet, l’ambition est de demander à l’État de modifier le règlement de ce PPRT pour permettre d’abaisser la vitesse à 70 km/h à minima.
- Notre Comité de Quartier est d’accord avec la demande des porteurs de projet d’abaisser la vitesse à 70km/h devant le site SEVESO, et demande l’uniformisation de la vitesse à 70 km/h entre Toulouse et Saint-Jory, ceci d’autant que la M820 va être sécurisée par la mise en place de bordures centrales de séparation, la création de vraies pistes cyclables bien séparées du flux routier et de trottoirs larges.
En conclusion, il s’agit d’un projet très intéressant pour le quartier et pour le Nord de Toulouse, et une réponse en partie à notre contribution de 2019 sur le même sujet.
Toutefois, les aménagements de notre quartier doivent faire l’objet d’une co-construction active avec les riverains et les commerçants du quartier.
Pour le Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris,
Serge Baggi,
Alain Soulard,
Catherine Ortholan