COMMISSION DE SUIVI DES SITES SEVESO 2 A FONDEYRE: dépollution des sols et surveillance sanitaire suite à la fermeture de la STCM (Société de Traitement Chimique des Métaux);
Jeudi 6 octobre 2022, s’est réunie la Commission de Suivi des Sites Seveso 2 seuil haut, Esso et STCM, avenue de Fondeyre, sous l’égide de la Préfecture. Cinq Comités de Quartier, dont le nôtre, sont membres de cette Commission de Suivi. La Direction de la STCM y a fait le point sur la démolition et la dépollution du site et l’Agence Régionale de Santé (ARS) a présenté un plan d’action sanitaire établi par les services de l’Etat.
UN PEU D’HISTOIRE:
La STCM, implantée au 30 à 32 avenue de Fondeyre, au Nord-Ouest de notre quartier, a exploité une usine de recyclage du plomb sur ce site de 1952 à 2020. L’affinage a été fermé en 2011. Le broyage des batteries au plomb a perduré jusqu’à la fermeture totale du site en décembre 2020. La capacité de traitement de la STCM était de 25000 tonnes de batteries par an, soit environ 20000 tonnes de plomb. L’usine de Toulouse a été rapatriée sur le site de Bazoches, dans le Loiret (45).
Cette usine est sous le régime des ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) et donc soumise à des réglementations spécifiques. Et d’autre part, du fait qu’elle traite des déchets dangereux (plomb), elle est classée Seveso 2, Seuil Haut. On va vite se rendre compte que ces classements et nombreux règlements qui en découlent ne sont pas synonymes d’une protection telle que sont en droit de l’attendre les riverains.
D’autre part, la STCM a été acquise en 1996 par le groupe américain Quexco, leader mondial du traitement du plomb, via sa filiale anglaise Ecobat et Technologies.
Les 68 ans d’activité sur ce secteur aujourd’hui largement urbanisé ont laissé dans les sols du site et du quartier, une pollution de grande ampleur au plomb et à d’autres métaux et métalloïdes polluants tels que le cadmium, l’antimoine, le cuivre…
LA DEPOLLUTION A L’INTERIEUR DU SITE
Des travaux de dépollution du site STCM sont en cours. Une centaine de tonnes de plomb serait enlevée par excavation de quelques 10 000 tonnes de terre polluée, suivie d’un ou deux lavages de la terre polluée puis d’un retour des remblais une fois la terre épurée. Pour notre Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris, cette dépollution est un combat de longue haleine, maintes fois relevé depuis les années 1960 et dans les Commissions de Suivi. Le 16 février 2017, une contribution détaillée faisant état de la pollution des sols et des risques pour la santé des riverains a été remise aux Commissaires Enquêteurs, au nom des Comités de Quartiers, lors de l’Enquête Publique sur le Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) des sites Esso et STCM du quartier. Aucune de nos analyses et préconisations n’a été prise en compte. Tout était conforme à la règlementation…
Après la démolition des installations en 2021, un plan de gestion de la dépollution a été mis en place par la STCM. Sur l’emprise foncière du site de la STCM (20.000m²), des analyses du plomb dans le sol ont été effectuées jusqu’à 4 mètres de profondeur, et un seuil de dépollution supérieur à 2000 mg de plomb par kilo de terre a été défini. Pour des raisons de coût et des raisons réglementaires, la STCM ne dépolluera donc que la moitié du plomb, la partie supérieure à 2 grammes par kilo de terre, essentiellement le plomb présent dans le premier mètre de profondeur de sol. Résultat, sur 200 tonnes de plomb présentes dans le sol de la STCM, seules 100 tonnes seront enlevées. Quid des 100 tonnes restantes ? Quid des autres métaux et métalloïdes polluants, cadmium, antimoine, cuivre… en particulier le cadmium bien plus facilement absorbé et plus difficilement rejeté par les organismes que le plomb. Et pourquoi ce type d’Installation dite Classées Pour l’Environnemen (ICPE) n’est-il pas obligé de rendre la parcelle dans son état initial ?
Evidemment, nous contestons déjà la solution envisagée de mettre les 200 tonnes de plomb restant sur le site sous une sorte de « sarcophage », comme cela a pu se faire aux Ponts-Jumeaux où l’on a construit 1200 logements sur un « sarcophage » de 8 mètres de haut à une profondeur de 12 mètres, contenant les déchets des ex-Ferronneries du Midi et dont le « couvercle » a été assuré par le sol des actuels parkings souterrains ! Notre quartier n’a pas vocation à abriter pour les générations futures toutes ces sortes de « sarcophages » industriels : hier les Ferronneries du Midi, aujourd’hui la STCM, demain…
LA DEPOLLUTION A L’EXTERIEUR DU SITE
En dehors du site, à la demande du préfet de la Haute-Garonne, l’Agence Régionale de Santé (ARS) lance une surveillance sanitaire des populations exposées au plomb, qui peut provoquer, à très basse concentration (moins de 50 microgrammes de plomb par litre de sang) la maladie du saturnisme chez les jeunes enfants (moins de 7 ans), pouvant occasionner des retards de développement et des atteintes du système nerveux central.
Les données communiquées aux services de l’État début 2022 caractérisent une distance pouvant aller jusqu’à 700 m en fonction des vents dominants autour du site, où les concentrations peuvent dépasser les 300 microgrammes de plomb par kg de terre.
12 000 habitants au nord de la Barrière de Paris jusqu’au MIN, de la rocade à l’Ouest à la voie SNCF à l’Est, sont concernés, surtout les enfants de moins de 7 ans, les femmes enceintes et les personnes fragiles.
Une thèse de doctorat de 2009, de l’Université de Toulouse, faisait état, à partir de données fournies par la STCM d’une zone dans le quartier bien plus large polluée par le plomb et de concentrations plus fortes. Où est donc passé ce plomb dont « les concentrations dans les sols sont considérées comme stables dans le temps »…
Enfin, plusieurs stations de la 3e ligne de métro doivent aussi être construites sur ce secteur appelé à davantage d’urbanisation. Qu’en est-il des règles d’urbanisme qui permettent aujourd’hui de terrasser et construire sans précaution particulière sur des sols pollués? Qu’en est-il des chantiers en cours, tel celui de l’école maternelle Lucie Aubrac, et les chantiers à venir, quelles sont les mesures de précaution prises en particulier pendant les phases de terrassement et de fondations, pour protéger les ouvriers et les riverains ?
En conséquence, le Comité de Quartier Minimes-Barrière de Paris demande :
- Les études de concentration de plomb dans le quartier faites les dernières décennies pour comprendre les écarts entre les différentes courbes de concentration
- Une ou plusieurs réunions publiques en présence des différents acteurs
- La prise en compte du cadmium
- Un traitement en profondeur du plomb sur toute la surface de la STCM