Réunion Publique « Pollution au plomb » jeudi 13 février
Maison Toulouse Services Place du marché aux cochons
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Depuis la fermeture définitive de l’usine STCM en 2020, différentes campagnes de mesures dans le quartier ont montré dans de nombreux endroits une contamination au plomb dans les sols au-dessus des seuils. Depuis plusieurs mois, suite à une réunion publique de l’ARS (Agence Régionale de Santé) le 15 décembre 2022, et un courrier de l’ARS reçu pour une partie d’entre eux, leur annonçant la pollution du quartier et les enjoignant à réaliser une plombémie (analyse de sang permettant de mesurer la quantité de plomb dans le sang afin de poser un diagnostic), de fortes inquiétudes sont exprimées par les habitants du quartier. Cette pollution au plomb (et au cadmium et autres métaux lourds) menace la santé des habitants et plus particulièrement celle des enfants, le plomb provoquant le saturnisme. Afin de répondre aux questions et aux inquiétudes et d’établir un état des lieux, des scientifiques de différentes disciplines ainsi que le Comité de Quartier Minimes –Barrière de Paris ont décidé de collaborer. Cette collaboration a pris forme au travers d’un atelier étudiant des M2 TRENT (Transitions Environnementales dans les Territoires), Master GAED (Gestion, Aménagement, Environnement, Développement), département de géographie de l’Université Toulouse 2, sur la période septembre 2024 à février 2025. Ce qui a permis d’effectuer des prélèvements de terre dans le quartier, de les analyser, de mener des enquêtes auprès des habitants et parties prenantes pour comprendre la perception des risques et dégager des perspectives pour le quartier.
Ce jeudi 13 février, en collaboration avec le département de Géographie de l’Université Toulouse 2, une synthèse du travail fait pendant six mois par des étudiants du Master TRENT sur la pollution au Plomb dans le Quartier Minimes-Barrière de Paris a été présentée.
Plus de 90 personnes étaient présentes, ainsi que le Comité de Quartier, les 22 étudiants du master 2 de TRENT (Transition Environnementale dans les Territoires), et leurs professeurs.
La réunion s’est passée en deux temps: une heure de compte-rendu de leur travail par les étudiants et plus d’une heure de discussion étudiants et Comité de Quartier avec la salle.
Serge Baggi, pour le Comité de Quartier, et Léa Sébastien, professeur, pour les étudiants, font une courte introduction, après remercié les habitants et les intervenants pour leur forte participation.
1/ Dans leur travail, les étudiants ont abordé différents aspects de la pollution :
• Enjeux de la pollution au plomb
• Contexte de la contamination : Ils ont dressé l’historique de cette contamination, présenté les règlementations à l’échelle nationale et à l’échelle locale, porté un regard critique sur la règlementation, ont exposé l’engagement du Comité de quartier et des citoyens dans les recherches scientifiques. Plusieurs exemples de recherches participatives ont vu le jour en France suite à des pollutions : Metaleurop Nord dans le Pas-de-Calais, Exide Technologies à Lille, Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions à Fos. A ce propos, Les Enfants du plomb, bande dessinée sur la pollution aux métaux lourds par l’usine Metaleurop Nord, signée Martin Boudot et Sébastien Piquet, a reçu au dernier Festival d’Angoulême, l’Écofauve Raja, prix attribué à un album traitant des enjeux écologiques.
• Le quartier Fondeyre : la transformation du quartier, de l’agriculture (maraîchers) à l’urbanisation et l’industrialisation (Usine St-Eloi depuis 1921, Les Ferronneries du Midi aux Ponts-Jumeaux, les ateliers de maintenance SNCF à Raynal au début du 20ème siècle, la STCM à Fondeyre depuis 1952). Aujourd’hui notre quartier Minimes-Barrière de Paris compte 39000 habitants, dont 12000 dans la zone polluée, avec bâtiments, services et espaces publics, plus de 1500 parcelles construites ont été comptabilisées.
• Ils ont rencontré des habitants, ont rédigé et distribué en main-propre et en ligne un questionnaire : 150 réponses ont pu être analysées, moins de la moitié ont des enfants de moins de 6 ans (vulnérables au saturnisme).
• Bilan des données de la contamination : Les différents laboratoires utilisent des méthodes différentes pour effectuer les analyses de terre. Le laboratoire Antea a réalisé des isocourbes à partir de 100 points d’analyse, 100 points, est-ce suffisant ? De plus, sur la zone étudiée, les points d’analyse sont distribués irrégulièrement. Les résultats des analyses sont en lien avec la rose des vents. On peut s’interroger sur le choix des seuils de s’arrêter à 300 mg/kg de terre, choix politique. Et les courbes d’iso-concentration sont-elles les plus adaptées ?
• Quelles propositions à la place des courbes d’iso-concentration : exposition de la parcelle + vents/granulométrie + distance avec la STCM pour aboutir à la création d’une carte des risques.
• Les analyses faites par les étudiants chez les habitants volontaires : les méthodes de prélèvement, recueil de la terre, analyse des échantillons de terre, analyse des enquêtes, résultats, cartographies, influence de la distance à la STCM. Des fiches de synthèse des résultats seront envoyées aux propriétaires de parcelles testées.
• En conclusion : Ce projet va être poursuivi par un ou deux stagiaires qui vont approfondir le sujet d’ici l’été. Le travail qui a été présenté constitue le tome 1 (100 pages) du travail, le tome 2 est en cours d’écriture, les deux tomes seront diffusés. De plus, un petit livret papier sera édité selon le souhait de notre Comité de Quartier, ainsi qu’une courte vidéo. Il restera ainsi une trace de cette pollution au plomb léguée par la STCM après presque 70 ans d’existence, et de sa gestion.
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2/ Échanges avec la salle :
• Une question sur le coût d’une analyse de terre et sur la nécessité de tester les 1500 parcelles concernées ? Réponse : ce qui est fait par les étudiants n’est pas certifié, mais est très proche de la réalité. Il faut compter environ 100€ pour un test par un organisme certifié. Il existe aussi des analyses par bandelettes pour un coût d’environ 5€, qui permettent à chacun d’avoir une idée de la pollution de sa parcelle pour un moindre coût. Maxime Le Texier, élu municipal (Archipel Citoyen) et élu métropolitain se propose de demander à ce que la Métropole prenne en charge le coût de l’analyse de terre de chaque habitant qui le demandera, au nom du droit à l’information.
• La pollution au plomb est-elle en profondeur ou en surface ? Cette pollution est plutôt en surface.
• Y a-t-il pollution de l’eau ? Ce serait plutôt vers Ginestous – Sesquières.
• A-t-on des données sur le saturnisme dans le quartier depuis les années 1950 ? L’ARS a des statistiques, que l’on peut consulter, et qui montreraient que le saturnisme est en baisse. Mais depuis 1952, des habitants du quartier et le Comité de Quartier avaient alerté plusieurs fois au sujet de la STCM, en vain, l’usine et les autorités arguant du fait qu’elle respectait les normes de règlementation en vigueur.
• Sur les chantiers, quelles sont les mesures de prévention ? La question des conséquences sur les PC a été posée en CSS (Commission de Suivi de Site) : dans la zone à plus de 100 mg, consigne est donnée par la Métropole d’analyser le sol, humidifier si nécessaire, et si dépassement des normes, utiliser les filières de dépollution, toujours sans aucun contrôle de la Métropole. Odile Maurin, élue municipale (opposition), ne comprend pas cette position de non-contrôle par la Métropole, et se propose d’approfondir la question.
• En 2022, le 15/12, suite à la réunion publique de l’ARS, une autre réunion devait avoir lieu ? Le Comité de Quartier n’en a pas obtenu d’autre, et est en attente du plan de gestion des sols dans la zone à plus de 300mg, depuis plus de 6 mois.
• Une habitante, contaminée, précise que le plomb ne reste que quelques heures dans le sang, mais il se fixe sur le cerveau, les os, les cheveux. Et le cadmium, dont on ne parle pas ?
• Des habitants de la rue Bastiat proposent de se regrouper en un Collectif d’habitants, chacun pourrait mettre de l’argent, afin que ce collectif puisse prendre un avocat et engager un contentieux contre la STCM et obtenir que la STCM dépollue ou paie.
• Mme Christine Courade, Conseillère Départementale, interpellera les autorités Préfet, Ministre de la Santé.
• Le Comité de Quartier conclut que la création d’un Collectif d’habitants est nécessaire si les habitants veulent agir et obtenir réparation de la STCM, en sachant que ce sera long avant d’arriver au bout.